jeudi 31 décembre 2015

A report on Xin Jiang; short comment of Samir Amin December 2015

A REPORT ON CHINESE XIN JIANG ; A Short Comment from SAMIR AMIN

A French reporter (Ursula Gauthier) has been recently expelled from China for her criticism of the policies pursued by China in Xin Jiang. Well one would expect from French journalists that they devote their efforts rather to look into the continuous and systematic racist discrimination practiced vis a vis their nationals of “moslem extract” by many of the authorities (municipal councils, police, employers) running after the support of that important minority who gives its votes to the racist fascists. She should have denounced these practices which do not contribute fighting terrorism but rather reinforce its chances. She should have explained to her readers that France and other Western powers do not fight terrorism out of their boundaries. The continuous alliance with the Gulf countries and Turkey, who actively support Daesh, Nosra and other djihadists in Syria, Iraq, Libya, Tunisia, Egypt, Mali , as well as in Russia and China, is never denounced. These journalists belong to what I qualify “the media clergy in the service of the imperialist oligarchies ruling their countries”. For sure Chinese policies in Xin Jiang and Tibet are not above any criticism, but it is not what is painted in the Western media. It fights terrorism, not people. The Chinese revolution has liberated the peoples of Xin Jiang and Tibet from the ugliest slavery practiced by the Mollahs and the monks. The Western so called “democrats” of to-day ignore these facts. The Western powers never did it in their colonies. They always fought democratic struggles in the countries of the South, pursuing their exclusive goal –subordinating those countries to their plunder- which implies associating with the most reactionary local classes, enemies of their own people and therefore useful friends of the Western powers. They pursue the same target in Xin Jiang and Tibet and to that effect provide support to the Mollahs and the Dalai Lama’s monks, including to those of them who moved into terrorist action. The western powers and their media clergy have no right to give lessons of democracy to China. They should first correct their ugly behavior in the places they control.


( December 2015)

mercredi 9 décembre 2015

A la mémoire de Sam Moyo




 A LA MEMOIRE DE SAM MOYO
La disparition brutale de Sam Moyo nous a laissé sans voix. Sam était un ami personnel très cher.
Sam comptait parmi les fondateurs des activités que nous animons depuis plusieurs dizaines d’années dans le cadre du Forum du Tiers Monde et du Forum Mondial des Alternatives. D’emblée, lorsque nous nous sommes rencontrés, nous avons compris qu’il était, au-delà de ses qualités de chercheur scientifique cultivé et intelligent, un militant courageux et déterminé de la cause des peuples et des nations, de la sienne (le Zimbabwe) et de celles de l’Afrique et du Grand Sud. Notre collaboration étroite n’a donc jamais cessé de nous rapprocher chaque jour davantage.
Les travaux majeurs de Sam s’organisaient autour de la question agraire. Sam avait compris que le déploiement de la stratégie de l’impérialisme ne pouvait rien produire d’autre que la destruction sauvage et tragique des mondes ruraux et paysans en Afrique et en Asie.
Sam avait pris toute la mesure de la mise en œuvre systématique de cette politique criminelle à partir de l’expérience de son propre pays : des millions de paysans expropriés pour donner les terres de leurs ancêtres à quelque milliers de colons. Il en avait saisi le sens dramatique et de ce fait pris résolument parti pour la réforme agraire entreprise par Mugabe, quelles qu’en soient les limites que Sam mesurait, et dénoncé l’hypocrisie de la Grande Bretagne qui se refuse toujours à honorer ses engagements dans ce domaine.
Sam ne se contentait pas d’analyser la réalité et d’en dénoncer la tragédie. Il a apporté une contribution majeure à la formulation de l’alternative humaine en réponse au défi ; et dans cet esprit précisé ce que pourrait être un projet souverain de développement authentiquement national et populaire, porteur d’avancées démocratiques et, dans son cadre, d’un projet de renouveau de la production paysanne. Il savait situer le combat pour l’avancée de cette alternative dans son cadre politique national et international ; il savait que ce combat était indissociable de la lutte des peuples contre l’impérialisme d’hier et d’aujourd’hui. Il avait le courage d’en analyser les tenants et aboutissants et de confronter les propositions qu’il en déduisait aux mauvais arguments des défenseurs du prétendu néolibéralisme.
Sam était devenu un pilier de nos groupes de réflexion sur la question agraire en Afrique et dans le Sud. A ce titre il avait organisé de magnifiques tables rondes – entre autre à l’occasion de nos interventions dans les Forums Sociaux Africains et Mondiaux – permettant aux meilleurs des spécialistes des trois continents, engagés dans les luttes avec leurs peuples et leurs paysans, d’examiner ensemble ce qu’il y avait de particulier à chacune de leur expérience et ce qui les réunissait dans un combat commun pour l’émancipation sociale et politique de toutes les nations concernées. Sam était le Vice Président du Forum Mondial des Alternatives pour l’Afrique australe. Il était le directeur de l’African Institute for Agrarian Studies ; et cette institution majeure comptait elle-même parmi les membres les plus actifs  du « réseau de réseaux » que constituent le Forum du Tiers monde et le Forum Mondial des Alternatives.
Les travaux de Sam et de ses collègues ont fait l’objet de nombreuses publications remarquées. Deux ouvrages collectifs parus quelques mois seulement avant la mort tragique de Sam portent l’empreinte de sa magnifique contribution :
The struggle for food sovereignty, Alternative Development and the Renewal of Peasant Society today ed by Remy Herrera and Kin Chi Lau (Publication du Forum Mondial des Alternatives, Pluto Press, London 2015).
Réponses radicales aux crises agraires et rurales africaines, sous la direction de Bernard Founou-Tchuigoua et Abdourahmane Ndiaye (Publication CODESRIA, Dakar 2014).
L’un des auteurs de ce dernier ouvrage, notre ami Issaka Bagayogo est lui également disparu en 2015.
Les textes produits par Sam sont et resteront au centre des préoccupations de tous ceux qui poursuivent son combat pour l’Afrique et ses paysans.

Dakar le 08 Décembre 2015

 Samir AMIN et  Bernard FOUNOU-TCHUIGOUA
Forum du Tiers Monde et Forum Mondial des Alternatives