HOMMAGE
A FRANCOIS HOUTART
SAMIR
AMIN
9
juin 2017
François
Houtart nous a quitté 7 juin 2017, à l’âge de 92 ans ; actif jusqu’à la
dernière heure de sa vie. Resté sans voix à l’annonce de ce décès, je ne trouve
rien que je puisse dire autre que l’hommage que je lui avais adressé pour son
quatre-vingt dixième anniversaire en février 2015 ; dont le texte
suit :
Les
grandes idées justes n’ont pas de géniteurs, dit-on. Elles germent sur le
terrain fertile des luttes collectives. Elles s’affinent dans le débat ouvert
et franc de leurs acteurs. Les grandes idées justes sont les inventions
collectives de l’humanité.
Non,
les grandes idées justes ont aussi des géniteurs. Ceux qui, un peu plus lucides
que les autres, s’efforcent de comprendre les exigences incontournables de la
cohérence de la pensée et de l’action. Au-delà de cette lucidité, ceux qui
persévèrent avec courage pour que les grandes idées justes deviennent des
forces matérielles qui changent le monde.
François
en est un modèle exemplaire. Il a su, dès 1996, contre la marée envahissante du
virus libéral, penser l’exigence nécessaire d’un Forum Mondial qui devienne
l’un des lieux privilégiés de la construction de l’efficacité des résistances
des peuples victimes du système en place. Il en a exprimé l’idée à Louvain la Neuve
en 1996. Une idée qui nous a tous convaincus. Sans lui le Forum Mondial des
Alternatives, fondé un an plus tard au Caire n’aurait probablement pas vu le
jour. Sans lui l’entrée de ce Forum sur la scène à Davos en 1999 n’aurait
probablement pas été imaginée. Lisez le Manifeste du Forum Mondial des
Alternatives. La précision des grandes idées justes que vous y trouverez, leur
formulation avec toute la puissance de la poésie lui doivent beaucoup.
Ne
disons pas à François : merci pour tout ce que tu as fait et continue à
faire. Disons lui : nous voulons faire comme toi, autant que toi, aussi
bien que toi.
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